«Et pourquoi pas un bunker ? » Voilà quinze ans que Christian Boros a posé la question à son épouse Karen. Le couple de collectionneurs parcourait Berlin depuis des mois à la recherche d’un siège pour exposer un ensemble de 700 œuvres des trois dernières décennies. Ils souhaitaient l’installer dans la capitale allemande, alors en pleine ébullition créative. Et dans un bâtiment déjà existant, afin de préserver « une mémoire qui risquait de s’effacer à cause des changements qui semblaient s’annoncer à l’horizon », affirme Karen Boros. Ils ont parcouru des écoles, des hôpitaux, des usines et des piscines, sans trouver la perle rare. Jusqu’à ce qu’ils tombent sur un abri antiaérien bâti en 1942 dans un coin discret du centre-ville. Christian Boros, magnat de la publicité et de l’édition, l’aurait alors qualifié de « plus laid bâtiment de Berlin ». L’espace était « sombre, froid, brut et claustrophobe », confirme son épouse. Ils y ont toutefois…
Le Bunker, un white cube comme les autres ?
À Berlin, le couple Boros a installé sa collection d’art contemporain dans un abri antiaérien bâti pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis dix ans, le lieu a attiré plus de 300 000 visiteurs et fait de nombreux émules, sous fond de rebond de l’esthétique brutaliste et d’érosion du dogme aseptique du cube blanc.