Location d’espaces, mécénat, boutiques, prestations d’ingénierie, restaurant… Les musées sont passés maîtres dans l’art de faire recette. Et la stratégie paie : Orsay s’autofinance à 60 %, Pompidou à 40 % et le Louvre pour moitié, dont pas moins de 5 % de ressources propres « liées aux collections ». Elle s’enrichit depuis quelque temps d’un nouveau levier de financement : la location d’œuvres. Dans les musées, la pression sur les expositions a poussé dans ses retranchements la sacro-sainte théorie du prêt gratuit et réciproque. Or si les loan fees se pratiquent depuis trente ans, cela a été jusqu’à présent principalement le fait des musées américains et scandinaves. Plus maintenant. La Famille Soler de Picasso, conservé au musée des Beaux-Arts de Liège, a parcouru le monde contre monnaie sonnante et trébuchante, tandis que le British Museum exige 1 250 euros par objet consenti. Face à l’opportunité, il semblerait que l’inflexible déontologie française soit ébranlée.
« Une logique libérale excessive »
Selon nos informations, un musée normand a « prêté » un tableau de Claude Monet en pays nordique pour la bagatelle de 20 000 euros. Le montage de la transaction n’est pas moins intéressant : pour éviter à la commune d’avoir à s’expliquer sur le monnayage de ses collections, les subsides ont été versés à la ville par un mécène étranger. Aucun lien formel ne peut donc être établi entre le départ de l’œuvre et l’arrivée de l’allocation providentielle. « La municipalité est acculée par la baisse des dotations de l’état, et voit dans le même temps ses dépenses culturelles croître. Les collections sont en train de devenir, aux yeux de nombreux élus et pour le malheur des conservateurs, des outils de levées de fonds », dénonce une source proche du dossier. Ce cas est inédit. Si le voyage de l’Olympia…