Au sommaire le 20 septembre 2013
Le centre d'art Yarat dessine une autre image de l'Azerbaïdjan
Après la Chine et le Moyen-Orient, les sourciers du monde de l'art ont une nouvelle aire géographique dans le viseur : l'Asie centrale. L'intérêt pour le Caucase coïncide avec la montée en puissance économique d'autocraties riches en ressources énergétiques. Petit État turcophone du Caucase du Sud, l'Azerbaïdjan se donne un nouveau visage à coup de pétrodollars. Des stations-services aussi irréelles que des pistes d'atterrissage pour ovnis bordent l'autoroute menant de l'aéroport à Bakou. L'arrivant devra se pincer devant le mirage de trois tours « flamme » ou d'autres galbées, cernées de néons, contrastant avec une vieille ville au charme puissant. Toute la capitale est passée par une cure d'embellissement forcée, avec à la clé des bâtiments souvent démesurés, comme le centre culturel Heydar Aliyev dessiné par l'architecte irako-britannique Zaha Hadid et ouvert au public depuis cet été. Derrière cette face conquérante, c'est une autre histoire, parallèle et convergente à la fois, que tente de dessiner Aida Mahmudova avec le centre d'art Yarat lancé en 2011. L'idée ? Promouvoir la jeune scène azérie à l'intérieur du pays et à l'étranger. « Durant l'ère soviétique, les artistes ont eu une structure, puis tout s'est effondré. J'ai voulu aider la jeune scène », explique la jeune femme, elle-même artiste. « Yarat a créé un intérêt pour l'art dans un endroit où ce n'était pas une priorité », renchérit la consultante et curatrice Dina Nasser-Khadivi. C'est qu'Aida Mahmudova a de bonnes cartes en mains. Jouissant de connexions dans le milieu des affaires (sa tante est la première dame du pays), elle parvient à lever des fonds de sociétés privées. Bank Respublika a ainsi donné cette année 200 000 euros pour son festival d'art public. Yarat a aussi levé des sponsors pour une exposition orchestrée par Dina Nasser-Khadivi, « Love me love me not », à Venise pendant la Biennale. Ce n'est pas seulement le pedigree d'Aida Mahmudova qui lui a ouvert les portes. L'art contemporain est devenu tendance, dans un pays dépourvu de véritables structures artistiques. « Dans les cinq dernières années, soutenir l'art est devenu une mode. Avant, les artistes devaient être décorateurs d'intérieur, architectes pour vivre. Cette expérience leur donne une parfaite idée de ce qui peut prendre place dans un intérieur », observe Farid Abdullayev, directeur exécutif de Yarat. Lire la suite
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