Le Quotidien de l'Art

Au sommaire le 10 septembre 2013

« La Biennale d'Istanbul touche et infuse différentes strates de la société »

Fulya Erdemci est une commissaire d'exposition et écrivaine basée à Istanbul et Amsterdam. Elle a été curatrice du pavillon turc à la Biennale de Venise en 2011. Elle est cette année commissaire de la 13e Biennale d'Istanbul. Elle nous présente cet événement.
R. A. Avec un titre comme « Am I a Barbarian? » - inspiré du livre de Lale Müldür Mom, Am I Barbarian? -, vous traitez de la fragilité de la citoyenneté et de la démocratie. L'idée de citoyenneté n'a sans doute pas le même sens pour le gouvernement turc de Recep Tayyip Erdogan. Voyez-vous la biennale comme un prolongement de la fronde populaire en Turquie et des demandes pour davantage de liberté ?
F. E. Le terme de « barbare » dans le cadre conceptuel de la biennale se réfère aux droits des citoyens, à l'antonymie de la « polis », la ville dans l'État grec, à la cité et aux droits dans celle-ci. Qu'est-ce que cela signifie d'être un bon citoyen aujourd'hui à Istanbul ? Au milieu des transformations urbaines - le terrain de bataille -, cela signifie-t-il de se conformer au statu quo ou de participer à la désobéissance civile ? Ne pouvons-nous pas imaginer un autre contrat social, où les citoyens se sentiraient responsables les uns des autres, responsables des plus faibles et même des exclus ? Pour moi, ce qui se passe à Istanbul, Ankara, Izmir, est lié directement à la désobéissance civile pour avoir plus de liberté d'expression, de justice, mais aussi la volonté d'assumer plus de responsabilités. Toute cette résistance traite pour moi d'un nouveau contrat social. Le mot « barbare » indique aussi ce que nous devons apprendre et comprendre des autres, des nouveaux langages que nous ne connaissons pas. Nous pensons que les théories et formules existantes peinent à définir de nouveaux modèles de vie en société et de gouvernance, mais l'art peut ouvrir à cela. De fait, les oeuvres de la biennale qui tentent de créer de nouveaux langages non orthodoxes peuvent faire comprendre cette nouvelle culture collective. Je pense que la biennale peut fonctionner, non pas comme un outil pour un changement immédiat, mais comme un processus de pensée, et surtout, comme une voie possible de construction de nouvelles subjectivités. Lire la suite

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