Au sommaire le 19 février 2013
Eileen Gray, une modernité décalée au Centre Pompidou
Le milieu parisien des arts décoratifs attendait depuis longtemps une grande rétrospective dédiée à Eileen Gray. Le Centre Pompidou réussit cette prouesse tardive. Prouesse, car 70 à 80 % de la production de cette créatrice irlandaise se trouve en mains privées et, au regard des prix astronomiques de ses meubles, les collectionneurs auraient pu rechigner à les prêter. Certaines pièces iconiques comme le paravent le Destin ou le fauteuil aux dragons manquent d'ailleurs à l'appel. Tardive, car cette manifestation survient après une vingtaine d'années d'éclipse institutionnelle, si ce n'est la petite exposition orchestrée en 2005 par le Design Museum de Londres. Il était donc grand temps de rendre hommage aux talents protéiformes de cette personnalité rétive aux étiquettes, à la longévité productive - en témoigne un paravent en liège réalisé à l'âge de 95 ans -, qui construisit trois maisons et glissa avec aisance des meubles en laque à ceux de structure tubulaire. Bien que les ressorts de cette transition ne soient pas entièrement décryptés, si ce n'est l'influence de l'architecte Jean Badovici, il y a plus de continuité que de zigzag dans cette trajectoire. La scénographie en escargot de l'exposition s'efforce d'ailleurs d'épouser cette carrière hors norme. La mise en scène pourra sembler très classique au regard d'une femme qui, elle, ne l'était pas. Mais n'aurait-il pas été outrecuidant de rajouter de l'audace sur de l'audace, d'alourdir d'artifices des oeuvres d'une grande pureté ? Aussi, le parcours chronologique laisse-t-il respirer les meubles pour mieux rendre compte de leurs singularités. Lire la suite
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