Dans la mythologie fondatrice du hip-hop parisien, il y a un lieu central où se réunissaient en 1986 les différents crews et B-Boys de la périphérie : le terrain vague de La Chapelle. Visible de la sortie du métro aérien, il a été d’abord investi par les graffeurs, suivis par Dee Nasty qui escaladait le mur pour jouer des free jams, platines posées sur un frigo abandonné. Chaque samedi pendant quelques mois s’y sont réunis de nombreux pratiquants du graff, du breakdance ou du beatbox (y compris les figures incontournables de la décennie suivante), suffisamment en tout cas pour faire figure encore aujourd’hui de la scène primitive et fantasmée d’un hip-hop sans but lucratif, ni sponsors. À rebours de cette mythologie de l’« authenticité », ce terrain vague a fait office de scène de théâtre où chacun a pu créer de toutes pièces une autre identité, mélangeant culture d’origine et fiction, entre la banlieue de l’immigration, le 18e arrondissement et le Bronx. Dans une histoire culturelle à écrire,…
Portrait de jeune artiste : Jérémy Piningre
Jérémy Piningre, qui a participé au Salon de Montrouge en 2013, organise des expositions dessinées où les sculptures cherchent à créer de l’empathie avec des smartphones. Il invente sa ville à plusieurs, adoptant une identité fluide entre bande dessinée, mode underground, fanzines et internet – l’impureté des cultures urbaines se construit hors des mythologies de l’« authenticité ». Il participe au magazine L’Incroyable sur Jim Shaw, présenté ce samedi chez agnès b, expose au salon de fanzines à Paris et au festival ActOral à Marseille.