Le musée Fabre vient de redécouvrir l’une des œuvres les plus énigmatiques et modernes de Frédéric Bazille, Une jeune fille joue du piano et un jeune homme l’écoute… sous la couche picturale de Ruth et Booz (Montpellier, musée Fabre). Le premier envoi de l’artiste au Salon de 1866 fut refusé, et selon un témoignage tardif de Renoir, Bazille, déçu, ne l’aurait jamais récupéré au Palais de l’Industrie. Tout permettait d’espérer la réapparition d’une œuvre clé pour comprendre les prémices de Bazille et de l’impressionnisme, mais l’histoire de l’art ne livrera jamais tous ses mystères.
L’exposition de Montpellier s’inscrit pleinement dans la politique de très forte exigence scientifique conduite par le musée Fabre. Elle est le fruit de plusieurs années de réflexion sur la façon dont Frédéric Bazille — mort quelques jours avant de fêter ses 29 ans — s’est nourri de la cohabitation, des liens entretenus avec Manet, Monet, Renoir, Scholderer ou Sisley tout en construisant sa propre peinture. Paul Perrin, conservateur au musée d’Orsay, qui avait été invité par Michel Hilaire (directeur du musée Fabre) lors de son passage au musée Fabre en 2013 à construire ce projet avec lui, explique en effet que cette joyeuse promiscuité entre Bazille et les artistes qu’il rencontra dans l’atelier de Gleyre, Monet et Renoir notamment, fut l’un des moments de foisonnements et d’échanges les plus riches de la fin du XIXe siècle : « Tous…