Bruno Racine
Directeur de 1997 à 2003
J’ai été nommé en 1997 et j’avais alors deux priorités : conforter l’Académie de France à Rome en tant que pôle d’excellence en histoire de l’art, et donner une plus grande visibilité à la création contemporaine. À ce moment-là, la restauration de la façade de la terrasse du Bosco avait été réalisée à titre un peu expérimental avec un enduit très dense. La façade sur jardin était déjà sous échafaudage et le conseil scientifique établi spécialement avait opté pour rendre à la Villa Médicis son aspect du XVIe siècle grâce à la technique un peu perdue du marmaino, ce mélange de stuc et de marbre. J’ai mis en place pour la première fois un schéma directeur des travaux de restauration, afin de les prolonger de manière extrêmement méthodique et cohérente sur 10 ou 15 ans, tout en lançant une réflexion avec Didier Repellin, l’architecte en chef des monuments historiques, sur l’avenir des décors Balthus. La question de la loggia n’est toujours pas tranchée aujourd’hui, mais Didier Repellin avait alors recueilli l’avis de Balthus lui-même, qui s’était rallié à l’idée de restaurer l’intérieur avec le nouvel état blanc XVIe siècle de la façade.
Le plan comprenait à la fois la restauration du bâti, des décors intérieurs et du parc, ce dernier sous la direction de l’architecte Giorgio Gialletti et la supervision d’un comité scientifique ad hoc. C’est le seul exemple subsistant à Rome d’un jardin du XVIe siècle ayant conservé son plan général et son périmètre, mais jusque dans les années 1820, le rapport entre l’architecture et le jardin était tout à fait différent. Nous avons ainsi décidé de réintroduire le long de l’allée principale les ormes, ravagés par une maladie au XIXe siècle, et donc de rétablir le rythme des saisons. Nous avons aussi voulu rendre aux seize carrés la fonction soit ornementale, soit utilitaire (le potager ou le jardin aromatique) qui leur était vouée à l’origine. Etait prévue également la restauration du jardin du Bosco, réalisée par la suite sous Richard Peduzzi.
Outre les grandes manifestations organisées par la section d’histoire de l’art, j’ai confié le commissariat d’un cycle d’expositions contemporaines traitant des rapports entre le contemporain et le patrimoine à Laurence Bossé, Carolyn Christov-Bakargiev et Hans Ulrich Obrist : la ville, le jardin, la mémoire pour accompagner les travaux tant de restauration que de fouilles archéologiques. J’ai demandé au même moment à l’École française de Rome de fouiller le piazzale où ils ont dégagé ce qui subsistait du palais impérial d’Honorius, tandis que du côté du jardin des orangers, une salle qui date de l’époque d’Hadrien a été…