Le Quotidien de l'Art

Mathieu Kleyebe Abonnenc

Mathieu Kleyebe Abonnenc
Mathieu K. Abonnenc, Sans titre (où que vous tourniez c’est la désolation, mais vous tournez pourtant), 2011, graphite on paper, 75 x 105 cm. Exhibition view “Orphelins de Fanon”, La Ferme du Buisson, Noisiel, 2012. Courtesy Marcelle Alix, Paris. Photo: Aurélien Mole.

Mathieu Kleyebe Abonnenc poursuit son enquête à travers les récits lacunaires et les objets manquants qui constituent l’histoire de la décolonisation, dont il relève les empreintes dans l’espace public et jusque dans l’environnement personnel. C’est par l’image en négatif qu’est figuré ce qu’il est difficile de voir, comme la nature ambiguë du geste de Victor Schœlcher montrant le chemin à l’esclave libéré dans la statue en bronze qui le représente, à Cayenne, où l’artiste a grandi. Le dernier projet de l’artiste, Sector IXB Sleeping Sickness Prophylaxis, expose la tentative de relier les histoires familiales aux documents incomplets relatifs à la mission ethnologique française Dakar-Djibouti de 1931 à 1933, qui devait permettre la constitution du fonds du musée de l’Homme à Paris. Habité tour à tour par la pensée de Frantz Fanon et le cinéma militant de Sarah Maldoror, la reconquête de l’histoire est ici guidée par les sentiments ambigus de Michel Leiris dans l’Afrique fantôme (1934).

Mathieu Kleyebe Abonnenc pursues his inquiry by way of incomplete stories and missing objects, which constitute the history of decolonization, the traces of which he measures in public spaces and even in personal environments. Whatever is difficult to see is portrayed through the image in negative, like the ambiguous nature of Victor Schoelcher’s gesture indicating the way to the freed slave in the bronze statue located in Cayenne where the artist grew up. The artist’s latest project, Sector IXB Sleeping Sickness Prophylaxis, exposes the attempt to link family histories to incomplete documents relating to the French Dakar-Djibouti ethnological mission from 1931 to 1933, which would facilitate the establishment of the collection at the Musée de l’Homme in Paris. Engaged alternately by Frantz Fanon’s thinking and Sarah Maldoror’s militant cinema, the reconquest of history is guided here by the ambiguous sentiments of Michel Leiris in Afrique fantôme (1934).

Mathieu Kleyebe Abonnenc

1977 Born in French Guiana, France

2010 
Manifesta 8, Murcia, Spain

2012 “To Whom who Keeps

a Record”, Serralves Foundation, Porto, Portugal

2013 “Songs for a mad king”,

Kunsthalle Basel, Switzerland

2015 56th Venice Biennale - International exhibition

and Belgian Pavillion, Italy

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Article issu de l'édition Hors-série du 14 juin 2015