Les djihadistes du groupe État islamique (EI) ont de nouveau pénétré sur le site archéologique de Palmyre en Syrie, a indiqué hier l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les insurgés avaient été repoussés dimanche par les forces du régime syrien, qui se sont finalement retirées de la localité. Avec cette prise stratégique qui ouvre sur le grand désert syrien, l’organisation djihadiste contrôle la moitié de la Syrie. Outre l’aspect militaire et politique, cette victoire menace directement les ruines monumentales de l’ancienne cité qui fut l’un des plus importants foyers culturels du monde antique. Inscrits au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, l’art et l’architecture de Palmyre mêlent aux Ier et IIe siècles de notre ère les techniques gréco-romaines aux traditions locales et aux influences de la Perse. Sa redécouverte aux XVIIe et XVIIIe siècles a influencé le renouveau ultérieur des styles d’architecture classiques et de l’urbanisme en Occident. Bien que l’OSDH précisait hier qu’aucune destruction n’était encore à déplorer, il est à craindre que Palmyre ne suivent la destinée des sites préislamiques d’Hatra et de Nimrud en Irak que les terroristes ont anéanti. Selon Maamoun Abdoulkarim, chef du service des antiquités syriennes, des centaines de statues ont été mises à l’abri, indique l’agence Reuters. De son côté, Sophie Makariou, présidente de l’établissement public du musée Guimet et ancienne responsable du département des Arts de l’Islam au musée du Louvre, se veut plus rassurante. Dans un entretien accordé hier soir à BFMTV, elle a expliqué que « l’objectif des djihadistes est probablement au-delà de Palmyre. La destruction de la cité les ralentirait dans leur marche vers Homs et Damas. Le scénario du pire [l‘anéantissement du site antique, ndlr] s’il ne peut être écarté, n’est pas non plus une certitude ».