Pierre Sterckx s'est éteint ce samedi 2 mai à l'âge de 79 ans. L'euphémisme « s'éteindre » lui va bien ; c'est en effet une étincelle qui disparaît, une discrète et persistante lumière critique venue d'outre-Quiévrain qui secouait par sa pertinence et son mode fantasque le milieu de l'art cartésien policé. Grand ami d'Hergé dès sa jeunesse, tintinophile averti, il a consacré nombre de publications et d'expositions au héros à la houppe. Il fut également un observateur affûté de l'art en train de se faire et un acteur passionné de sa transmission. Dès 1971 et jusqu'à sa disparition, il a agi, en Belgique, comme conseiller pour des collectionneurs particuliers ainsi que pour des groupes d'investissements. Les impressionnantes collections belges, d'Anvers à Bruxelles, couvrant l'art contemporain depuis le début des années 1970, que l'on peut visiter aujourd'hui, sont en grande partie dues à son action. Professeur d'esthétique à l'École de La Cambre de 1973 à 1981, directeur de 1981 à 1991 de l'École de Recherche Plastique de Bruxelles initiée par Thierry de Duve, il préfère sa liberté de penser et d'agir et décide de se partager entre la Belgique et la France : enseignant à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et à l'IESA de 1996 à 2005, auteur pour les publications Artstudio, Beaux Arts Magazine, Artpress, chroniqueur pour France 2 dans l'émission « L'objet du scandale » de Guillaume Durand, il apporte au milieu de l'art un vent de fantaisie savante et une autonomie de pensée qui en ont fait un acteur essentiel de notre place contemporaine.