« L'ambivalence décisive entre objets d'arts et objets d'usage » en question depuis vingt ans dans l'oeuvre de Delphine Coindet a trouvé une nouvelle matière à expérimentations quand le Crédac et le Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva) de Marseille lui ont adressé une invitation croisée. En résulte la grande installation Prisme, qui prend le soleil dans la verrière, irisant la dalle de béton brut de l'ancienne Manufacture des oeillets, comme si elle voulait donner les couleurs de la fête au souvenir de la condition ouvrière… Déjà les récits se bousculent, les symboles infusent, dans ce qu'il faut bien décrire comme une série de vases disposés en étagères. Mais c'est là que le sens bascule quand le décor plausible d'une promotion au rayon des arts de la table se révèle être un numéro d'équilibriste…
Delphine Coindet : La vraie fonction de l'art
En 2004, « La belle hypothèse », au Crédac, produisait « l'irruption d'une oeuvre simultanément image et objet », selon les mots de Claire Le Restif, directrice du centre d'art d'Ivry-sur-Seine. Issu du minimalisme dénaturé par l'objet domestique et d'une touche de Surréalisme, le vocabulaire singulier de Delphine Coindet a ouvert la voie à tout un pan de la sculpture actuelle tournée vers la théâtralité et le décor. Dix ans plus tard, c'est sous un titre faussement poussiéreux, « Modes & Usages de l'art », que l'artiste surprend encore par la fraîcheur de son langage, poétique et mutin.