Rien ne va plus entre la galerie Wildenstein et le Qatar. En 2014, la famille spécialisée en peinture impressionniste et moderne avait mis en vente sa galerie de New York sise East 64th Street (lire Le Quotidien de l'Art du 31 janvier 2014). David Wildenstein, fils de Guy Wildenstein, avait alors annoncé que le gouvernement du Qatar s'en portait acquéreur et projetait d'installer son consulat new-yorkais dans ce superbe bâtiment pour une coquette somme estimée à au moins 90 millions de dollars (80 millions d'euros). Cependant, le Qatar n'aurait jamais versé la somme requise pour l'achat, quand bien même l'Émirat a donné une soirée officielle dans les lieux il y a plus d'un an. Il se serait retiré de l'achat à la dernière minute, rapporte la presse américaine. Le consulat du Qatar justifie ce revirement par la découverte du fait que le président de la galerie, Guy Wildenstein, était suspecté d'avoir blanchi de l'argent. Furieux, les Wildenstein attaquent en justice l'émirat et réclament 9 millions de dollars de compensation. Ils soupçonnent le Qatar d'avoir annulé l'acquisition pour éviter une publicité défavorable autour de cet achat pour une somme excessivement élevée pour New York. Guy Wildenstein est bel et bien poursuivi en France depuis 2011 pour suspicion de fraude fiscale et de blanchiment de l'héritage de son père Daniel (mort en 2001), mais sa famille estime que ces éléments pouvaient être facilement connus de l'acquéreur. Et que de surcroît, il n'a pas été reconnu coupable à ce jour de blanchiment, et n'a donc pas contrevenu au Patriot Act (2001) régissant le contrat entre la galerie et le Qatar. Ce texte indique que le vendeur ne doit ni soutenir le terrorisme ni blanchir de l'argent. Selon toute vraisemblance, la galerie de New York devrait donc revenir entre les mains des Wildenstein. Cet hôtel particulier avait été spécialement bâti en 1929 par Nathan Wildenstein, fondateur de la célèbre dynastie de marchands, près de Madison Avenue, dans un quartier habité par les plus grands collectionneurs américains. L'architecte Horace Trumbauer s'était alors inspiré à sa demande d'un hôtel particulier parisien du XVIIIe siècle. David Wildenstein avait expliqué au Wall Street Journal se séparer de cette demeure pour s'engager dans des projets de recherche artistique à buts non lucratifs mais aussi dans des activités immobilières. Il avait aussi précisé que les ventes d'art se faisaient désormais plus au téléphone ou sur Internet qu'en galerie, et souhaitait développer les domaines de second marché en art moderne mais aussi contemporain.