Peut-on inaugurer sereinement un événement artistique en Arabie saoudite, un pays où la condition féminine est calamiteuse, les droits de l'homme bafoués, et où, le 9 janvier, un blogueur, Raif Badawi, a été flagellé sur la place publique pour avoir osé réclamer une refonte de l'islam ? Pas vraiment. Le lancement à Djeddah du Festival 21.39, créé en 2014 par une princesse saoudienne pour exposer le public saoudien à l'art contemporain, est en soi une gageure. Lorsque l'inauguration coïncide avec le décès du monarque, le roi Abdallah, et les incertitudes liées à sa succession, en tête de liste la crainte d'une prise de pouvoir par les intégristes, le coeur n'est pas à la fête. En temps normal, les voix ne se délient guère. La langue de bois est bien astiquée, les réponses toutes faites, l'argumentaire digne de l'ex-Union soviétique. Pour éviter la question sur Raif Badawi, une phrase revient en boucle : « je ne connais rien au droit, je ne commente pas ». Depuis l'enterrement…
Jeddah inaugure son deuxième festival d'art au moment du décès du roi d'Arabie saoudite
Hasard du calendrier, la deuxième édition du Festival 21.39 à Djeddah, en Arabie saoudite, a été inaugurée le 22 janvier, la veille du décès du roi Abdallah. Dans un pays où la parole est cadrée, la politique et l'autocensure prennent le dessus sur l'art.