Le Bernin, l'un des principaux acteurs de la Rome baroque, fut à son époque considéré comme le nouveau Michel-Ange et a entretenu une proximité très forte avec la papauté. Ne rapporte-t-on pas ces paroles du pape Urbain VIII : « Mais quelle chance majeure est la nôtre que le cavalier Bernin vive sous notre pontificat » ? Certains historiens de l'art iront même jusqu'à parler d'une « dictature artistique » du Bernin. L'exposition considère ainsi que le seul fait de laisser travailler l'artiste pour d'autres cours, en l'occurrence le Royaume d'Espagne, constitue en soi un cadeau diplomatique de la part du Vatican. Le parcours montre combien la politique d'ouverture ou de fermeture des différents papes vis-à-vis de la péninsule ibérique correspond parfaitement aux moments où sont passées les commandes espagnoles au maître. Ainsi, la certaine distance du pape…
Le Bernin, un artiste au coeur des relations diplomatiques
L'oeuvre du Bernin (1598-1680), à la fois sculpteur, architecte, peintre et dessinateur, peut-il s'analyser dans son rapport avec le Royaume d'Espagne ? Voici la thèse insolite sur laquelle s'interroge le musée du Prado, à Madrid. Son exposition « Las ánimas de Bernini. Arte en Roma para la Corte española » cherche ainsi à repenser les relations complexes qu'a entretenues l'artiste avec la cour espagnole du XVIIe siècle au regard des échanges entre la Péninsule et le Saint-Siège.