Directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton, Suzanne Pagé est la vraie caution artistique de ce nouveau lieu. Cette femme qui a fait du miracle une discipline et de l'intuition une attitude, avait hissé le musée d'art moderne de la Ville de Paris dans le panthéon des musées internationaux. Entretien.
R. A. Lorsque vous avez pris les rênes de la Fondation Louis Vuitton, une collection existait-elle déjà ?
S. P. Il y avait déjà des choses, mais pas beaucoup. Nous en avons gardé certaines, par exemple une oeuvre de Maurizio Cattelan, mais très peu car les achats n'avaient pas été faits dans une idée d'ouverture au public.
R. A. Que change l'ouverture au public ?
S. P. Dans une configuration comme Paris, il faut faire jouer la différence, fondée sur un réel engagement. Il faut une collection de partis pris, passionnelle, que l'on défend au plus près des artistes, avec eux. On la pense avec eux, et on l'accroche avec eux. Ce n'est que de cette manière que l'on obtient quelque chose de juste et légitime. Richter, Schütte, Bolantski, Lavier, Huyghe, ce sont des engagements précis, des lignes de coeur, contemplatives, popistes, expressionnistes et autour de la musique.
R. A. Ces choix sont-ils les vôtres ou ceux de Bernard Arnault ?
S. P. Les lignes procèdent des options de Bernard Arnault. C'est une…