L'aléatoire a-t-il sa place dans la création ? Si les Tirs de Niki de Saint Phalle ou les Compressions de César plaident en faveur de cette hypothèse, l'histoire de l'art ancien privilégie en revanche les artistes qui gardent la pleine maîtrise de leur oeuvre, refusant l'incident et le hasard. Dans cette perspective, le musée d'art et d'histoire de Genève se penche sur le caractère avant-gardiste d'Auguste Rodin (1840-1917) en consacrant une exposition à l'insertion progressive de l'aléatoire dans l'oeuvre du sculpteur. « Le hasard est très artistique », écrivait l'artiste. En s'appropriant l'imprévu d'une fonte, d'un moulage, d'un agrandissement, d'un assemblage, Auguste Rodin développe une nouvelle approche de la création et donne la priorité à la matérialité de son oeuvre.
Résultat d'un aléa du moulage, le visage tuméfié et difforme de La Muse tragique (1890/1895) au bras…