Tout observateur affûté du marché de l'art connaît la plume de Georgina Adam, chroniqueuse au Art Newspaper et au Financial Times, auteur de quelques scoops mémorables notamment sur le Qatar. Son livre Big bucks, the explosion of the Art market in the 21st century ne déroge pas aux qualités qui en font l'une des meilleures journalistes sur ce créneau : une parfaite connaissance des arcanes, un goût de l'investigation, un humour so British. Ce sens de la dérision pointe dès le prologue dans la description du fastueux dîner donné par le marchand Larry Gagosian pour l'ouverture de sa galerie du Bourget. En des mots truculents, Georgina Adam en livre le détail par le menu rapportant ces propos d'un des 250 convives : « c'était une démonstration du luxe, du pouvoir et de l'argent... Mais de l'argent froid ». En une phrase, cet invité traduit la financiarisation croissante de l'art contemporain que les pages suivantes vont analyser. Les acteurs du marché sont plus puissants que jamais. Certes, il y eut par le passé des dynasties de marchands renommés, mais aucun n'a eu la taille, la portée ni…