Le Jeu de Paume, à Paris, est devenu il y a dix ans un centre d'art dédié à l'image. À l'occasion de cet anniversaire, Régis Durand, son premier directeur, et Marta Gili, qui le dirige actuellement, répondent à nos questions.
R. A. Le Jeu de Paume est né au forceps en 2004, de la fusion de trois lieux qui n'avaient pas grand-chose en commun : la Galerie nationale du Jeu de Paume, le Centre national de la photographie (CNP) et le Patrimoine photographique. Comment avez-vous vécu toute la période d'accouchement qui fut ponctuée de tensions sociales ?
R. D. Je l'ai vécu difficilement, mais je pense que cette fusion était une bonne chose, car elle a permis l'émergence d'une institution importante pour la photographie. Le CNP était confidentiel en raison de la configuration de l'Hôtel Salomon de Rothschild. De plus, il y avait de sérieux problèmes à régler au Patrimoine photographique. Il fallait réorganiser l'immobilier du ministère, et si nous étions restés à l'Hôtel Salomon de Rothschild, il aurait fallu des travaux que l'État ne pouvait pas assurer. La programmation de la Galerie nationale du Jeu de Paume ne répondait pas non plus à l'attente des tutelles.
R. A. Certes, mais ne s'agissait-il pas du mariage de la carpe et du lapin ?
R. D. Sans doute, mais c'était une remise à plat, un nouveau départ. C'était difficile. La situation sociale était complexe, il y avait des doublons, des gens qui ne voulaient pas intégrer la nouvelle entité. Il fallait définir un projet.
R. A. La situation a été difficile pendant deux ans…
R. D. Oui, mais je me dis que j'ai beaucoup appris. J'ai appris à voir les choses de manière plus globale, d'avoir une perspective à plus long terme.
R. A. Vous avez ouvert avec l'exposition…