En entrant dans l'exposition de l'Américain Emmet Gowin à la Fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris, le visiteur découvre la photo d'une très jeune femme dont le visage est « tatoué » par l'ombre portée de feuillages sur sa joue. Sous le portrait diaphane figure une légende lapidaire : « Edith, Danville (Virginie), 1963 ». Suit un bouquet de photos dont Edith est la muse, couvant son nourrisson, puis son deuxième, échangeant sourires et caresses, offrant sa pure nudité aux rayons du soleil. Edith pleine de grâce grandit dans une famille de quakers où l'on est toujours nu et innocent sous le regard de Dieu. Les dernières photos de l'exposition figurent la même femme trente-huit ans plus tard. Le profil d'Edith se présente cette fois-ci en ombre chinoise, découpe noire sertie de milliers de…