La maison de ventes aux enchères Vermot de Pas a finalement annulé d'elle-même une vente d'objets ayant appartenu à Adolf Hitler et à Hermann Goering. Programmée le 26 avril salle V.V., dans le 9e arrondissement de Paris, cette vacation devait réunir des « prises de guerre de la 2e D.B. en mai 1945 au Berghof », la résidence d'Hitler en Bavière, et dans la demeure voisine occupée par Goering, soit une quarantaine d'objets (lire Le Quotidien de l'Art du 14 avril). Devant le tollé qu'elle a suscité - la vente était prévue juste après la fin de Pessah, les Pâques juives - notamment de la part du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA), la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a saisi le commissaire du gouvernement auprès du Conseil des ventes volontaires (CVV), organisme de régulation de la profession. Le CVV a annoncé, hier, l'annulation de la vente. Selon le Code pénal, il est interdit d'exposer ou de faire la promotion d'objets nazis. Mais rien, dans la loi française, n'interdit formellement de vendre des objets nazis. Un sénateur, Jacques Legendre, avait bien présenté une proposition de loi en 2010 pour mettre un terme à ce vide juridique. Mais il n'y avait pas eu de suite. Par conséquent, le Conseil des ventes comme le ministère de la Culture ne peuvent qu'exercer une pression sur les maisons de ventes aux enchères. Les réactions à cette vente, en particulier via les commentaires sur Internet, auraient pu générer un trouble à l'ordre public, voire des problèmes pendant la vacation. En derniers recours, seul le préfet de police de Paris aurait alors eu la possibilité de faire interdire celle-ci. Une affaire à méditer pour le législateur.