Certaines expositions irradient de sensibilité quand d'autres dardent d'intelligence. C'est un bel équilibre entre les deux hémisphères de nos cerveaux qu'offre « L'illusion des lumières », organisée par Caroline Bourgeois au Palazzo Grassi à Venise. D'emblée, le visiteur tombe en arrêt devant une nappe opaline, presque cotonneuse. S'agit-il d'un vertige de fumée dont Ann Veronica Janssens a le secret ? Sommes-nous dans une pièce-piège de James Turrell ? Non, cet espace infini est l'oeuvre du Californien Doug Wheeler. Dans ce désert immaculé, les perspectives brouillées nous forcent à avancer à tâtons. L'éclairage lui-même semble vaciller. L'expérience est magique. Mais Wheeler est un magicien qui livre les clés de ses tours. La rêverie somnambule s'achève vite et on réalise le truc : nos pas nous conduisent vers les angles arrondis d'une coque où peu à peu se projettent nos ombres. Il suffit de se retourner pour découvrir en…