Le 28 novembre, un ensemble de 36 carnets à dessins d'Aristide Maillol, des sculptures, et au moins une huile sur panneau ont été dispersés par Nice Enchères pour un total de 1,35 million d'euros. Plusieurs semaines après la vente, l'ayant droit du sculpteur et petit-fils de la muse de l'artiste, Dina Vierny, sort du silence et dénonce les conditions d'obtention de ces oeuvres. « Il ne s'agit pas de critiquer ni cette vente judiciaire tout à fait légale ni le travail fait par les commissaires-priseurs [Robert Fède et Philippe Palloc, n.d.l.r.] ; je leur ai d'ailleurs apporté ma caution et mon expertise. Mais je voudrais rétablir une certaine vérité quant à la source de ce fonds », nous a confié Olivier Lorquin. L'affaire remonte à voici quarante ans. En 1972, le fils unique de Maillol, Lucien, décède. Il lègue ses biens à Dina Vierny. Y compris sa villa de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), dont la maîtresse de Lucien, Mademoiselle Wessel, conserve l'usufruit. À la disparition de Lucien, cette dernière met dans des coffres de banque à Menton un ensemble comprenant des centaines de dessins de Maillol. C'est celui-ci que ses héritiers ont découvert à sa mort, récemment, et mis en vente aux enchères. Olivier Lorquin admet que Mademoiselle Wessel ait pu recevoir des cadeaux de la part de Maillol, qui l'affectionnait beaucoup. Mais pas au point d'en détenir autant. « Un tel ensemble ne tombe pas comme ça entre les mains d'une maîtresse. Ma mère [Dina Vierny] n'était pas au courant de l'existence de ce fonds », explique-t-il. Toujours selon Olivier Lorquin, cet ensemble aurait dû être légué par Lucien à Dina Vierny. Il aurait pu ainsi rejoindre les collections du musée Maillol créé par cette dernière, et dont il assure la direction. Cependant, faute de preuves tangibles, et les principaux protagonistes de l'histoire étant décédés, Olivier Lorquin n'a pas engagé d'action judiciaire mais a préféré mobiliser les collectionneurs français pour que les oeuvres restent dans l'Hexagone.