Incertitude. Ce mot revient en boucle chez les acteurs culturels libanais. Mais très vite, ils lui accolent un autre vocable : continuer. Agir malgré le conflit syrien qui s'est invité dans le pays avec son flot de réfugiés engagés principalement dans les chantiers de construction à des tarifs cassés. Vivre avec l'imprévu, avec une économie en berne et un gouvernement démissionnaire. Imaginer une permanence sur des sables mouvants. « Dans l'instabilité, la permanence devient un but en soi. Le problème, c'est de s'ancrer dans cette permanence avec des clichés, observe l'architecte Bernard Khoury. Il y a une incapacité de l'Arabe à vivre dans le présent ». Plutôt une incapacité à se projeter dans l'avenir. « On ne peut rien prévoir à long terme, admet Sandra Dagher, codirectrice du Beirut Art Center, un centre d'art très pointu situé dans une zone industrielle à Beyrouth. Mais nous avons vécu la création de notre centre d'art pendant les attentats et la guerre de 2006. Nous nous étions régulièrement posé la question de poursuivre ou pas. Et la leçon à tirer, c'est bien celle-là : continuer, advienne que pourra ». L'attentat perpétré…