Depuis quarante ans, Hamish Fulton marche, d'une côte à l'autre, du fleuve à la côte, dans les montagnes tibétaines, à travers les forêts d'Ecosse, seul pendant sept jours sans parler, jusqu'au sommet avec un sherpa, en rond avec une foule insoumise, à la pleine lune ou dans le sens du soleil.
Depuis quarante ans, pas d'oeuvre sans marche (« No walk, no work »), mais la marche ne fait pas l'oeuvre. Son exposition exceptionnelle au Centre régional d'art contemporain du Languedoc-Roussillon (CRAC) à Sète en fait l'épatante démonstration : l'enjeu de cet « art de marcheur » se situe à l'intersection entre l'expérience solitaire et sa réception publique, c'est-à-dire dans la forme plastique (voilà déjà de quoi justifier cet autre adage récurrent dans l'oeuvre de Fulton : « This is not conceptual art »). À cet endroit, l'émotion de la marche, l'effort, l'endurance, l'engagement sont mis à…