Si les expositions consacrées à Marc Chagall sont nombreuses en ce moment - à l'instar de celle que lui consacre à Paris le musée du Luxembourg -, le musée national Marc Chagall à Nice aborde l'artiste sous un angle inédit : l'autoportrait. Servie par de nombreux prêts institutionnels, du Centre Pompidou au Palais des beaux-arts de Lille, en passant par le Philadelphia Museum of Art (avec un magnifique Autoportrait au col blanc de 1914, qui fait la couverture du catalogue), mais aussi privés, et exceptionnels, en particulier de la part de Meret et Bella Meyer, les petites-filles du peintre, l'exposition se révèle à la hauteur du 40e anniversaire du musée (lire encadré). Même si elle déploie 94 oeuvres, elle aurait toutefois gagné à inclure une mise en perspective avec le motif et la pratique de l'autoportrait chez ses contemporains.
Abondante, la production des autoportraits chez Chagall commence de façon relativement classique, et avec l'aide d'un miroir. La représentation de soi est alors plutôt traditionnelle, jusqu'à l'Autoportrait au col blanc qui démontre une nette affirmation de soi en tant qu'artiste mais aussi en tant qu'homme. Le miroir est aussi le moins cher des modèles pour un jeune artiste, rappelle Elisabeth Pacoud-Rème, l'une des commissaires de l'exposition. « Chagall eut tôt fait de s'affranchir du cadre rigide du miroir et, à l'instar de la fenêtre par…