Jean-Louis Barrault y avait créé sa première compagnie (en 1934-1936) ; Balzac y a situé l'action de son Chef-d'oeuvre inconnu ; et Picasso y a peint Guernica. Malgré ce passé glorieux, le Grenier des Grands-Augustins, situé au dernier étage de l'Hôtel de Savoie, dans le 6e arrondissement de Paris, pourrait fermer ses portes, depuis que son propriétaire, la chambre des huissiers de justice de Paris, a décidé de vendre l'immeuble. Le 3 juillet, le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris prononcera son jugement sur la demande d'expulsion de l'association qui entretenait et faisait la promotion de ce lieu depuis 12 ans, le comité national pour l'éducation artistique (CNEA). « La convention d'occupation s'est arrêtée en 2010 et n'a pas été renouvelée », a argumenté l'avocat de la chambre des huissiers de Paris, maître Alain de Langle. Pour Alain Casabona, délégué général du CNEA, il s'agit de « spéculation immobilière éhontée sur un lieu chargé d'histoire ». Selon ce dernier, un petit-enfant de Picasso, qui n'est pas dans la succession du peintre, serait « prêt à investir des millions d'euros dans un bail pour y installer une fondation privée ». En plus d'un comité de soutien autour de personnalités telles que l'actrice Charlotte Rampling ou le photographe Lucien Clergue, François Hollande a récemment demandé à la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, « de se saisir prioritairement » du dossier de classement du lieu, au titre des monuments historiques.