Le commissaire d'exposition italien Germano Celant tente l'exercice délicat du remake en reproduisant l'exposition jalon d'Harald Szeemann, « Quand les attitudes deviennent formes » à Berne en 1969 dans le palais Ca' Corner della Regina, siège de la Fondation Prada à Venise. Il nous explique les enjeux de cette relecture.
R. A. Quel sens y a-t-il à rejouer aujourd'hui une exposition marquante en 1969, mais qui aujourd'hui pourrait paraître anachronique ? Les artistes novateurs d'hier sont devenus établis, presque officiels pour certains.
G. C. Une contribution contemporaine et innovante ne consiste pas seulement à découvrir ou à énumérer des noms peu connus, mais passe par une vision actuelle et inédite de faire et de montrer l'art. L'histoire de l'art moderne a été tracée en travaillant toujours sur des objets ou des produits individuels et indépendants, favorisés par le marché et la consommation des collectionneurs. Il a manqué une vision de relation entre les choses et de la situation dans laquelle elles étaient construites et exposées. Le dialogue linguistique et formel qui s'instaurait entre une chose et une autre s'est perdu. C'est un récit refoulé et effacé que l'on n'a que récemment commencé à récupérer. L'idée de « montrer une exposition » comme…