L'affaire prend déjà des tournures de scandale. Vendredi 24 mai, The Detroit Free Press a publié un article dans lequel il révèle que Kevyn Orr, « emergency manager » de la Ville de Detroit en charge du contrôle financier, envisageait de vendre une partie des collections du Detroit Institute of Art pour éponger les dettes de la municipalité, qui avoisinent les 15 milliards de dollars. La Ville possède en effet le bâtiment et les quelque 60 000 oeuvres, dont certaines sont signées Henri Matisse, Vincent van Gogh, Diego Rivera, ou Alexander Calder, tandis que les frais de fonctionnement sont couverts par des financements privés. Le directeur de l'institution, Graham W. J. Beal, a aussitôt réagi en expliquant qu'il considérait cet ensemble comme relevant du « domaine public » et que « ce genre d'action qui conduirait à réduire notre collection et sa valeur culturelle serait néfaste à long terme ». Thomas P. Campbell, directeur du Metropolitan Museum of Art de New York, a désapprouvé le même jour cette hypothèse en déclarant que « cette proposition devait être rapidement et définitivement écartée. L'art pour le public n'est ni transitoire, ni monnayable, ni liquide ». Dans l'immédiat, l'institution a fait savoir qu'elle avait engagé un avocat new-yorkais spécialisé dans les faillites pour tenter de trouver les meilleures solutions possibles à l'impasse budgétaire de la Ville.