La Roumanie a eu ses superstars de l’art – Brancusi, Tzara et Brauner –, mais cela remonte à la première moitié du XXe siècle. Sous la chape de plomb de Ceausescu, le pays s’est isolé, a financé un art de régime, les voix indépendantes ne réussissant à émerger qu’après la chute du dictateur (ou en s’exilant, comme André Cadere à Paris). Si Dan Perjovschi (né en 1961) a été l’un des premiers à être reconnus au plan international de l’après-communisme, sa cote aux enchères est restée sage. Rien de similaire avec Adrian Ghenie, qui a dépassé le million de dollars en mai 2016, à 39 ans (Autoportrait en Vincent van Gogh), chez Sotheby’s New York, avant de bondir à la somme faramineuse de 8 millions d’euros marteau chez Christie’s Hong Kong en mai 2022. Son succès illustre celui de l’école de Cluj, un groupe d’artistes initialement réuni dans une ancienne usine de pinceaux et qui compte parmi ses membres Victor Man, Ciprian Muresan ou Serban Savu. La galerie qui les représente historiquement, Plan B, a connu une ascension parallèle : ouverte à Cluj en 2005, puis à Berlin en 2008, participant aux principales foires, elle se prépare à inaugurer sa fondation en septembre prochain pour son 20e anniversaire.
RAD, 3e année
Cette scène portée par des quadragénaires, marquée par la peinture, par la virtuosité du dessin, mais également par une tradition de la performance (qu’incarne notamment Ion Grigorescu, né en 1945), est amenée à se consolider, en partie grâce à deux rendez-vous. Le plus récent est la foire RAD (acronyme de Romanian Art Dealers), lancée à Bucarest en 2023 par de jeunes femmes galeristes comme Catinca Tabacaru, Daniela Palimariu (Sandwich) et Suzana Vasilescu (Suprainfinit). L’événement, qui se tient dans un hôtel près du lac, a dès le départ été pensé sur une dimension internationale, même si les exposants sont peu nombreux (28 lors de la dernière édition, du 22 au 25 mai),…