Le Quotidien de l'Art

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La complainte du cacao

La complainte du cacao

Dans les temps troublés que nous vivons, la dimension politique et sociale de l’art prend une résonance particulière. On l’a vu hier avec la cohabitation incongrue de la fresque de Barbara Kruger et des gendarmes mobiles devant le MOCA de Los Angeles (voir QDA du 11 juin)... Assistera-t-on parallèlement à la résurgence d’une peinture à visée documentaire (qui pouvait autrefois exister à côté de la photo et de la vidéo, désormais en situation de monopole sur ce secteur), qu’ont pu incarner par le passé les peintres de la marine ou les artistes engagés sur le front ? Que l’on pense aux images de guerre et de bombardements de Grosz ou de Vallotton... C’est un peu le territoire qu’explore le peintre camerounais Jean David Nkot (né en 1989 à Douala), qui bénéficie d’une quatrième rétrospective personnelle à la galerie Afikaris. Il y poursuit un cycle engagé autour du coton et du café, abordant maintenant le cacao et les mines. On y voit, d’une façon très figurative ou plus allégorique, la coupe des cabosses, le tri des fèves, mais aussi le travail des enfants, l’absence de réglementation et de protection. La dernière salle, une installation qui a nécessité l’emploi de six tonnes de terre dans la chic rue Notre-Dame de Nazareth, parle d’une autre malédiction, celle des minerais, comme le cobalt, le manganèse ou le platine, indispensables à nos automobiles ou à nos téléphones portables. Leur exploitation suscite la convoitise des grandes puissances et des multinationales... toujours au détriment des populations locales.

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Édition N°3065 / 09 juin 2025

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Par Jade Pillaudin


Article issu de l'édition N°3068