Votre projet commun « Made in Occupied Japan », qui rassemble des collages photographiques et une vidéo, remonte à 1998 : comment ont eu lieu votre rencontre et cette première collaboration ?
Yoshiko Shimada : Je suis née à Tachikawa (en 1959, ndlr), où se trouvait alors une base militaire américaine, aujourd’hui base des forces d’autodéfense japonaise. Je voulais aborder les questions de la militarisation mais aussi des « femmes de réconfort », et de leurs familles, leurs enfants métissés, qui après la guerre vivaient de la prostitution – interdite au Japon depuis 1958 – près des bases. On m’a alors parlé du travail de BuBu.
BuBu de la Madeleine : J’ai reçu une longue lettre de sa part (rires). Elle avait le concept dans la tête : le lieu, les compositions... Nous sommes restées trois jours à Tachikawa pour y prendre des photos, dans lesquelles je suis habillée en travailleuse du sexe et Yoshiko en GI. À l’époque, je menais déjà mes propres projets artistiques, tout en…