Le Quotidien de l'Art

IA et culture : gare aux hallucinations

IA et culture : gare aux hallucinations
L’Odysée sonore au théâtre antique d’Orange.
DR.

À la veille du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, qu’organise l'État du 8 au 11 février, le secteur culturel s’interroge sur le boom de l’IA, qui apporte plus de questions que de réponses.

« Effectivement, l’IA est un sujet d’inquiétude pour certains acteurs culturels », reconnaissait la ministre de la Culture Rachida Dati dans un entretien au Monde le 18 janvier. En réponse, elle imposait que la culture soit partie prenante du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, lors d'un week-end d’ouverture dédié, ces 8 et 9 février. La Bibliothèque nationale de France abrite une série de conférences, quand la Conciergerie ouvre ses portes aux artistes. Les enjeux pour les créateurs, notamment en matière de respect des droits d’auteur, sont nombreux, après qu’Emmanuel Macron s’est opposé à durcir l’utilisation des données par les IA dans la loi européenne, l’IA Act, qui entre en vigueur progressivement ce mois-ci. 

Mais le droit d’auteur n'est pas le seul enjeu de ces nouvelles technologies. Car derrière son vocable au singulier, l’IA recouvre de nombreuses réalités : l’IA réactive, la plus ancienne, qui répond à une situation donnée sans capacité de mémoire ; le machine learning doué de mémoire, apte à reconnaître les images, textes, voix… (et utilisé par les artistes) ; l’IA conversationnelle, entraînée au traitement du langage naturel ; ou encore l’IA générative, capable de créer de nouveaux contenus à partir de données digérées.

Rigueur scientifique vs hallucination

Dans ces conditions, l’essor des IA applicables au monde culturel est sans limite, autant que les défis juridiques qui en découlent. Dans le marché de l’art, elle peut faciliter la gestion des inventaires, le transport d'œuvres, les formalités administratives, la recherche de provenance... « L’IA va amener des évolutions souhaitables, notamment pour établir l’authenticité des œuvres. Les experts vont devoir évoluer et l'intégrer dans leur pratique, projette Pierre Taugourdeau, secrétaire général du Conseil des maisons de vente (CMV). Mais si les professionnels du marché de l’art ne sont pas en avance dans la prise en compte de l’outil, c'est aussi parce que les conséquences juridiques sont incertaines en matière de responsabilité, de fraude, de cybersécurité… »

Le discours est au diapason dans le patrimoine. Par sa capacité à traiter un nombre démultiplié de données et ses modèles prédictifs, l’IA permet de générer en un temps moindre des hypothèses de reconstitution. « Dans nos métiers, l’IA est un outil pour inventorier et récoler les œuvres », lance Julia Beurton, administratrice générale du musée d’Orsay, qui planche actuellement à son application dans le cadre du futur Centre de recherche et de ressources Daniel Marchesseau. Le Centre des monuments nationaux (CMN) l’expérimente pour la numérisation de ses bâtiments, mais aussi pour un chatbot à usage administratif qui…

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Article issu de l'édition N°2983