Le Quotidien de l'Art

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Au Texas, les photographies d'enfants de Sally Mann retirées d'une exposition

Au Texas, les photographies d'enfants de Sally Mann retirées d'une exposition
Modern Art Museum of Fort Worth.
DR.

D'après le site spécialisé Glasstire, des photographies de Sally Mann ont été retirées de l'exposition collective « Diaries of Home », présentée jusqu'au 2 février au Modern Art Museum de Fort Worth (Texas), qui indique sur son site internet : « “Diaries of Home” comporte des thèmes adultes qui peuvent heurter certains spectateurs. » Les images d'une douzaine d'artistes femmes et non-binaires (Nan Goldin, Carrie Mae Weems, LaToya Ruby Frazier, Laurie Simmons...) « explorent les concepts plurisémiques de famille, communauté et foyer », annoncent les commissaires Andrea Karnes et Clare Milliken. Parmi celles-ci, poursuivent-elles, « les trois enfants de Sally Mann sont le sujet de portraits luxuriants qui évoquent le spectre de l'enfance, de la rêverie innocente à un côté plus sombre ». Ce sont trois de ces images, ainsi que les textes de salles les accompagnant, qui ont été retirés de l'exposition par la police de Fort Worth, après que des responsables républicains texans ont réclamé une enquête à leur sujet. De quoi s'agit-il ? Popsicle Drips (Gouttes de sucette, 1985) est une vue en gros plan du torse et du sexe dégoulinants du fils de Sally Mann, âgé alors de sept ans. The Wet Bed (Le lit mouillé, 1987) montre une petite fille dormant sur un lit taché, jambes écartées, et The Perfect Tomato (La tomate parfaite, 1990) capture une fillette d'une dizaine d'années, nue elle aussi, dansant sur une table parsemée de tomates. Ces images sont visibles sur les sites des institutions qui les conservent, notamment le Guggenheim Museum et la Smithsonian Institution. Selon Hyperallergic, une quatrième pièce serait sous investigation. Fin décembre, l'exposition de Fort Worth faisait l'objet d'une campagne de dénigrement de la part du média conservateur Dallas Express, assimilant « enfants nus et contenu LGBTQ+ ». Trois jours plus tard, dans les mêmes colonnes, le juge républicain Tim O'Hare exigeait que les photographies, qualifiées de « troublantes et offensantes », soient retirées et fassent l'objet d'une enquête de police, tandis que dans une lettre ouverte le Danbury Institute, groupe chrétien conservateur, les assimilait à de la « pédopornographie ». Artists at Risk Connection (ARC), organisation de défense de la liberté artistique, publiait quant à elle le 9 janvier un communiqué condamnant la saisie des œuvres et les « tactiques d'intimidation des artistes et des musées, visant à ce qu'ils censurent leurs œuvres ». Alors que ce 20 janvier à Washington a lieu la seconde investiture de Donald Trump, président d'extrême droite, aux États-Unis le débat sur la sexualisation des enfants reste ainsi monopolisé par la droite la plus conservatrice, à défaut d'être pleinement inclus, de manière générale, dans les réflexions des artistes et curateurs sur les violences sexuelles.

Article issu de l'édition N°2968