C’est un petit pas pour les musées, mais un grand pas pour les petits. Depuis la réouverture post-Covid du musée d’Orsay en mai 2021, toutes les expositions s’y visitent à deux vitesses. Expérimenté avec succès en 2020 pour l’exposition « Au pays des monstres. Léopold Chauveau (1870-1940) », dans laquelle certaines œuvres étaient accrochées plus bas, le principe de double cartel à côté des œuvres a été pérennisé.
Un peu partout dans l’Hexagone, les musées relèvent à leur tour le défi de décrire sans prescrire. « Nous cherchons un vocabulaire adapté aux enfants, des textes qui engagent les sens plus que l’intellect, afin qu'ils s’approprient ce qu’ils voient. Nous les invitons à imaginer la musique jouée par un instrument dans une toile, le goût d’une fraise dans une nature morte, à tenir pendant cinq minutes la pose d’un portrait… », explique Julie Autard, responsable du développement culturel au musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon. Cette année, celui-ci a misé sur un double parcours adulte-enfant au sein de l’exposition « Made in Germany. Peintures germaniques des collections françaises (1500-1550) », pour ne laisser personne de côté. « Avec une thématique comme le Saint Empire germanique, nous savions que les parents redouteraient d’amener leurs enfants, car eux-mêmes ne sont pas familiers avec le sujet. Ce qui a été remarquable est que beaucoup d’adultes se sentaient plus à l’aise avec les cartels pour enfants », détaille la responsable, qui a depuis instauré la pratique avec ses équipes. « Il n’y a pas de différence entre les deux cartels, qui ont la même taille, si ce n’est leur hauteur sur le mur. Nous réfléchissons à une autre dénomination, passant de “parcours enfant” à, par exemple, “parcours ludique”. »
Même son de cloche au Louvre où, depuis l’arrivée de Laurence des Cars, les cartels pour le jeune public ont été systématisés et rencontrent « beaucoup de succès, auprès des enfants comme des adultes. C’est une forme de médiation accessible et naturelle », avance Luc Bouniol-Laffont, directeur des spectacles, dont le prochain grand projet « Dessine-moi un chef-d’œuvre » se présente comme un « nouveau rendez-vous accessible de 7 à 107 ans ».
Expérience transgénérationnelle
« Drôle, didactique et poétique », la série de concerts dessinés fera se rencontrer en 2025 au Louvre les arts et les âges. Une illustratrice, aux prises avec un musicien et un comédien-bonimenteur, tentera de représenter l’œuvre que ses acolytes lui décrivent en complicité avec le public. À commencer, en février, par Le Tricheur à l’as de carreau de Georges de La Tour, puis en avril, la couronne de Charlemagne, et en mai, la stèle de la princesse égyptienne Néfertiabet. L’événement vise…