Les troupes d'Ahmed Hussein al-Chara, qui a mené l’insurrection des rebelles depuis son fief d’Idlib jusqu’à Damas, la capitale syrienne, prise dans la nuit du 7 au 8 décembre, ont pour l’heure fait un sans-faute, en tout cas en ce qui concerne le patrimoine syrien, parmi les plus remarquables de la région. Pourtant on aurait pu craindre le pire : certains joyaux comme la citadelle d’Alep ont par exemple été en partie détruits en 2015 par les combats entre l’armée régulière pro-régime et les mouvements islamistes, Daesh en tête, dont Ahmed Hussein al-Chara a dirigé la branche irakienne. D’autres sites n’ont pas non plus été épargnés par un pillage systématique, à l’image de l’ancienne cité romaine de Palmyre. Or aujourd’hui, l’ex-djihadiste l’affirme sans ambages : le patrimoine, « témoin d’une histoire ancienne commune », doit être protégé. De fait, à Damas, très peu de dégâts ont été constatés pendant la prise de la ville. Les habitants comme les combattants rebelles ont pris soin de préserver les monuments les plus emblématiques de cette ville omeyyade, exception faite de la citadelle, qui est l'une des infrastructures militaires croisées les mieux conservées du pays. Située à l’entrée de la vieille ville, cette ancienne prison hébergeait depuis plusieurs années une école d’art, ainsi qu’un petit musée. « Elle a été vandalisée par la population », explique l’un des deux gardes qui en surveillent l’entrée, aujourd’hui interdite aux visiteurs. D’autres monuments, comme le palais présidentiel, ont subi la rage de la population. « Ces palais abritent aussi des collections de peintures ou d’objets qui auraient pu venir enrichir un musée et sont probablement perdus », déplore le peintre syrien Salah Hreeb. Parmi les premières décisions du nouveau gouvernement d’al-Chara, l’une concerne la grande mosquée omeyyade, où le chef rebelle a donné son premier discours, le 8 décembre. Son accès a été rendu gratuit. Parmi les badauds qui s’y sont précipités, alors que la ville retrouve progressivement son calme, on pouvait entendre des louanges à l’homme « qui donnait enfin accès gratuitement à cette merveille ».