Interrogé, Arthur Dénouveaux évoque, au sujet de la remise en question du projet de Musée-mémorial du terrorisme, « une grande déception et un énorme point d'interrogation », à quelques semaines de l'anniversaire des attentats de 2015 et en plein procès Samuel Paty. Le président de Life for Paris, association de victimes des attentats du 13 novembre 2015, soupire : « Nous ne comprenons pas les raisons de ce revirement, ni s'il est définitif. » Choqué par l'absence de communication autour de cet abandon, il vante un « projet co-construit pour un lieu de réflexion sur la manière dont la société absorbe la violence », qui souffre aujourd'hui d'une « gestion anti-intellectuelle et petit-comptable ».
Selon lui, « l'argument budgétaire n'est pas convaincant ». La raison serait-elle donc politique ? « On sent une frilosité, un accent mis sur l'aspect sécuritaire plus que sur l'attention aux victimes. Va-t-on également remettre en cause l'indemnisation des victimes ? Ne sommes-nous qu'une ligne budgétaire ? Cette décision ne va pas dans le sens de la parole publique et de la reconstruction. » Quant à l'idée de déplacer le mémorial dans le jardin destiné à commémorer les victimes du 13 novembre, « c'est une insulte, c'est hors de question », tranche Arthur Dénouveaux, selon lequel les deux associations de victimes (Life for Paris et 13Onze15) ont déjà opposé un non catégorique à la mairie, responsable du projet. Il annonce que d'ici à ce qu'un dialogue avec le gouvernement soit ouvert au sujet du MMT, Life for Paris boycottera les réunions sur les cérémonies du 11 mars, journée de commémoration des victimes du terrorisme. Arthur Dénouveaux n'a pourtant pas perdu tout espoir : « Le président de la République peut encore sauver le projet, des communes comme Paris, Nice ou Toulouse, touchées par le terrorisme, peuvent s'en emparer. » Contacté, le conseiller culture de l'Élysée Philippe Bélaval n'a pas donné suite à notre demande d'entretien.
De son côté l'artiste Julien Discrit, membre du comité artistique pour le 1 % artistique du MMT (et rescapé du 13 novembre 2015), réagit : « L’abandon de ce projet, qui pour rappel était une initiative présidentielle, tout comme la méthode employée et les solutions de substitutions envisagées donnent le sentiment d'un profond mépris à l'égard des (nombreux) acteurs du projet, et en particulier des victimes et des associations qui les représentent. La contrainte budgétaire évoquée pour maquiller une décision politique, et l’absence d’explications claires sur les motivations d’une telle décision y ajoutent une certaine lâcheté, qui personnellement m’interroge. »
Lancée le 10 décembre, une pétition de soutien au projet de Musée-mémorial du terrorisme, lancée par Arnaud Lançon, frère de Philippe Lançon, victime de l'attentat de Charlie Hebdo, avait reçu au moment où nous écrivons ces lignes près de 1000 signatures.