À l’heure où le monde de l’art revalorise des artistes femmes, Corita Kent (1918-1986) occupe une place originale. Entrée à 18 ans dans l’ordre religieux du Cœur Immaculé de Marie à Hollywood, Corita Kent, de son vrai nom Frances Elizabeth Kent, enseigne l’art dans les écoles primaires, le secondaire, puis à l’Immaculate Heart College. Marquée par l’œuvre de Marcel Duchamp, John Cage, et Andy Warhol qu’elle découvre en 1962, elle travaille la gravure avant de s’orienter vers la sérigraphie, dont les typographies et les couleurs empruntent à l’esthétique Pop. Ses compositions et ses écritures, dont le Collège des Bernardins expose une trentaine de pièces agrémentées d’une installation et d’archives photos et vidéos, mêlent aux versets bibliques des slogans politiques (mouvement des droits civiques, lutte contre la précarité, flower power), des pubs (conserves de tomates), et des paroles de chanson (Let the Sunshine In) des années 1960. Mais sa liberté de ton attise le courroux de sa hiérarchie. En 1968, Corita Kent quitte les ordres et Los Angeles, épuisée par les conflits avec l’archidiocèse, pour s’installer à Boston où elle s’adonne à l’aquarelle. « Je suis une artiste imprimeuse… une forme très démocratique, puisqu’elle me permet de produire une quantité d’œuvres originales pour ceux qui n’ont pas les moyens de se procurer de l’art. »
« Corita Kent. La révolution joyeuse », Collège des Bernardins, 20 rue de Poissy, 75005 Paris, jusqu’au 21 décembre 2024.
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