Le Quotidien de l'Art

Qu'est-ce qu'une œuvre authentique ?

Qu'est-ce qu'une œuvre authentique ?
Des œuvres de Daniel Spoerri exposées aux musée des abattoirs de Toulouse en 2017.
MATTES René / hemis.fr.

Au cœur des métiers du patrimoine, la notion d’authenticité est pourtant difficile à circonscrire. Tour d’horizon, à l'occasion d'un colloque au Quai Branly et une exposition au musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg.

Parmi les différentes définitions du terme « authentique », le dictionnaire propose celle-ci : « (en parlant de choses créées par l’homme) Véritable, qui ne peut être controversé, contesté. » Une précision est ajoutée : « Dont l’origine et la nature sont bien établies. Qui est de façon certaine l’œuvre de telle personne (auteur, artiste). » Elle ne répond pas cependant à d'autres questions soulevées dans le champ de l'art : qui établit l’authenticité d’une œuvre ? Quelles sont les conséquences économiques de cette authentification ? Celle-ci est-elle une valeur pertinente partagée partout ?

Le plus souvent, le sujet de l’authenticité ou de l’originalité d’une œuvre est remis sur le devant de la scène par un nouveau scandale en contrefaçon. En 2014, c’est l’ex-faussaire Wolfgang Beltracchi qui faisait parler de lui avec la sortie du film documentaire Beltracchi: Die Kunst der Fälschung (l’art de la contrefaçon), réalisé par Arne Birkenstock, le fils de son avocat. Tandis que le falsificateur peignait, son épouse Hélène Beltracchi s’occupait de fabriquer des pedigrees prestigieux aux œuvres. Il affirme qu’aujourd’hui encore de nombreux musées exposent ou conservent dans leurs collections des toiles qu’il a réalisées « à la manière » de Picasso, Ernst ou Campendonk. Autre histoire de contrefaçon qui fait encore grand bruit : courant 2025 s’ouvrira le procès de l’expert Bill Pallot, qui a d’ores et déjà partiellement avoué avoir fait fabriquer de faux meubles destinés au Belvédère du château de Versailles par « jeu intellectuel », afin de défier les autorités du marché et de l'institution. Dans ces deux histoires, les responsabilités restent à déterminer : celle des faussaires ou des spécialistes qui ont, à tort, authentifié les œuvres. Comment toute une chaîne d’expertise a-t-elle pu être dupée ?

Une définition fluctuante

Dans sa thèse soutenue en 2003, « L’authenticité des œuvres d’art », Stéphanie Lequette-de Kervenoaël dessine les contours juridiques de la notion dans le monde occidental. En matière d’œuvres d’art, l’authenticité n’a été que récemment prise en…

Qu'est-ce qu'une œuvre authentique ?
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Article issu de l'édition N°2938