Fondée en 2003 à Barcelone comme la première foire dédiée à la vidéo, Loop (du 19 au 21 novembre) est venue combler un vide dans la représentation du médium sur le marché de l'art. Malgré cela, et bien que ces œuvres suscitent toujours l'intérêt, le manque de modèles de commercialisation freine leur intégration au marché, tandis que les défis liés à la préservation des supports à l'obsolescence rapide entravent leur valorisation et leur pérennisation. Loop s’efforce de relever ces défis en tissant des liens entre artistes, galeries et institutions pour structurer un écosystème fragile, tout en explorant de nouvelles voies de diffusion et de financement pour un art qui réinvente sans cesse ses propres codes.
Qu'en est-il dans les institutions ? À partir des années 1960, en résonance avec les expérimentations cinématographiques, l’art vidéo s'est développé comme un médium artistique à part entière. Et dès sa création, le Centre Pompidou (fondé en 1969, il est inauguré en 1977, ndlr), s'est affirmé comme un acteur majeur dans ce domaine en acquérant des œuvres emblématiques : « En 1976, le musée national d'art moderne a fait l'acquisition de sa première installation vidéo, Present Continuous Past(s) de Dan Graham, et de sa première vidéo monobande, Projektion X, d'Imi Knoebel », explique le conservateur Philippe Bettinelli.
Si ces acquisitions montrent la volonté précoce des musées de préserver et promouvoir l’art vidéo, l'anticipation de sa conservation par les institutions d'art contemporain est récente. Les œuvres inventoriées reposent sur divers supports matériels définis – cassettes VHS, clés USB, disques durs –, qui ont été intégrés dans les collections. Cependant, la conservation de l'art vidéo ne se limite pas à la simple protection des supports matériels. La numérisation et la création de copies offrent des approches de sauvegarde, mais elles engagent des questions techniques et esthétiques, ainsi que des enjeux d'interprétation lorsqu'il est nécessaire de les restaurer.
Numériser, est-ce conserver ?
Selon Pascale Cassagnau, conservatrice au Centre national des arts plastiques (CNAP), il faut prendre en compte « à la fois la préservation des supports d'origine et l’adaptation aux technologies numériques actuelles ». Pour les œuvres audiovisuelles qui sont des multiples, il est crucial de garantir la conservation du « master » (original…