La géographie est-elle une fatalité, un frein, une contrainte ? À l’heure où les frontières se ferment, mais où les identités n’ont jamais été aussi mouvantes, AKAA joue une jolie carte pour sa 9e édition en cherchant à « dégéographiser » son propos. La foire aborde une Afrique au sens très large : le continent lui-même, mais tout autant ses diasporas et les innombrables hybridations qui s’en sont nourries. Une façon de se placer du côté de la fluidité, de l’ouverture, de la curiosité, plutôt que du côté du statu quo, de la tradition, voire de la fossilisation – qui ont des partisans très actifs… On sent comme le souci de montrer qu’une foire n’est pas qu’un carrefour marchand. Mais aussi un creuset en évolution constante (la moitié des exposants sont nouveaux), qui peut faire avancer une vraie réflexion culturelle et politique sur le statut de minorités (voir la section confiée à The Norm Queer Agency) ou sur le statut de l’artiste africain ou afro-descendant du XXIe siècle. Où l’on réalise que, grâce à l’action d’AKAA et d’autres initiatives comparables, l’art contemporain africain, désormais admis dans les grandes collections, devient tout simplement de l’art contemporain. Il était temps.