Serge Poliakoff a beau avoir passé l'essentiel de sa vie en France (de son arrivée, en 1923, à l'âge de 23 ans, jusqu'à son décès en 1969), il a toujours gardé un attachement profond à l'imaginaire russe. Avec Dimitri Ozerkov, idéal commissaire de cette exposition (conservateur à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, il a aussi quitté son pays, pour des raisons politiques, au lendemain de l'invasion de l'Ukraine), ils représentent cette Russie de la diaspora que les interminables soubresauts de l'histoire ont poussée par vagues à l'étranger. En gardant dans leurs bagages la musique (Poliakoff était un guitariste émérite), la cuisine, la littérature, la foi et la spiritualité orthodoxes - thématique qui est ici centrale. Si Ozerkov rappelle la fascination de Poliakoff pour les grands maîtres italiens du Louvre (comme Paolo Uccello et sa Bataille de San Romano), il souligne surtout ce que sa peinture doit aux icônes, à leur longue genèse, à l'utilisation de l'œuf comme liant, à leurs couleurs saturées (rouge, vert, brun, noir), à la surface travaillée et retravaillée pour qu'en irradie une forme de lumière mystique. Cette première exposition à la galerie Almine Rech depuis qu'elle représente l'estate de l'artiste réunit une douzaine de toiles, de 1949 à 1969, dont la première est justement intitulée Icône...
« Serge Poliakoff. Image divine », galerie Almine Rech, 18, avenue Matignon, 75008 Paris, jusqu'au 5 octobre 2024.
Le 26 septembre à 18h, au Bristol (112, rue du Faubourg Saint-Honoré) : discussion entre Dimitri Ozerkov et Alexis Poliakoff, fils de l'artiste.
alminerech.com