Avec ses 5,1 millions d’abonnés, le Louvre se place depuis le début de l’année en deuxième place du podium international des musées les plus suivis sur Instagram, derrière le MoMA (5,9 millions), mais devant le Metropolitan Museum et la Tate (4,4 millions chacun). Si le coup de projecteur donné sur Paris par les Jeux olympiques y est peut-être pour quelque chose – le reel de la vasque flottant au-dessus des Tuileries, posté en commun avec le compte Instagram @Paris2024, a battu des records avec 2 millions de vues et 121 000 likes, suivi par celui montrant des danseurs de breakdance dans les salles (1,3 million de vues, 45 000 likes) –, le musée peut se targuer d’avoir réussi à prendre le coche du format vidéo, que l’algorithme d’Instagram pousse depuis le boom du concurrent TikTok. Parmi les derniers posts de l’institution, on trouve ainsi un reel produit et posté en commun avec le compte de l’Unesco, ou encore une série mettant en scène Grégory Quenet à l’occasion de la sortie de son livre L’Écologie au musée. Un après-midi au Louvre. Dans ces vidéos de deux minutes, l’historien présente de façon simple les grands enjeux écologiques et historiques que recèlent certaines œuvres du musée, à l’instar d’une série de toiles de Frans Post qui dépeignent en filigrane le début de la colonisation du Brésil par les Hollandais au XVIIe siècle.
À en croire la vaste majorité des contenus produits par les institutions et les influenceurs, ce format de vidéo courte – avec une voix mi-off mi-incarnée interprétant avec concision une œuvre d’art –, est la formule gagnante. Si l’art se prête à merveille aux réseaux sociaux et à la culture contemporaine où l’image prédomine sur le verbe, poster la reproduction d’une œuvre ne suffit plus à convaincre les followers. « C’est l'une des difficultés des réseaux sociaux, qui évoluent extrêmement rapidement : l'algorithme oblige à réorienter constamment les créations », détaille Camille Jouneaux, dont le compte La Minute Culture et ses 163 000 abonnés est l'un des plus influents dans le domaine en France. Passée par un emploi de community manager pour des marques de grande consommation à Google Arts & Culture, la créatrice de contenus freelance a vu exploser la bulle de l’art sur internet, avec un public élargi et des institutions qui se sont prises au jeu. « En France, le rapport des institutions culturelles au numérique est sensible. Il y a longtemps eu une crainte du virtuel – "Si notre collection est en ligne,…