Classé depuis 2014 par l'Unesco sur la Liste du patrimoine mondial et celle du patrimoine mondial en péril, le paysage culturel « d'olives et de vignes » de Battir, localité située au sud-ouest de Jérusalem, en Cisjordanie occupée, est aujourd'hui gravement menacé. Bezalel Smotrich, ministre israélien des finances et figure de l’extrême droite à la tête de l’administration des colonies en Cisjordanie, a annoncé le 7 août « engager les procédures d’établissement de la colonie de Nahal Haletz ». Celle-ci fait partie d'un projet de cinq nouvelles colonies décidé fin juin par le gouvernement de Benyamin Netanyahou, qui a acté en 2017 le retrait d'Israël de l'Unesco. D'après Le Monde, « le territoire de Nahal Haletz couvre près de la moitié de la zone centrale du site classé par l’Unesco ». Alors que la colonisation s'est accélérée en Cisjordanie en 2023 pour atteindre des records, avec notamment la destruction par les colons d'infrastructures et de champs d'oliviers millénaires, constitutifs de l'identité palestinienne, la bande de Gaza est, depuis les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, incessamment bombardée. En plus du bilan humain de 40 000 morts (chiffre cité par l'ONU), les experts évoquent la notion d'« urbicide » – pratique de destruction du milieu urbain comme stratégie à long terme –, déjà entamé avant 2023. Selon des données du CUNY Graduate Center et de l'Oregon State University citées par Mediapart, au 24 juillet, 59,3 % des bâtiments de Gaza (74,3 % à Gaza-ville) ont été endommagés ou détruits. Parmi eux, autant des habitations que des structures publiques, dont des lieux de vie et de culture tels que des écoles, des universités, des bibliothèques ou des archives, détruisant du même coup la mémoire et la culture vivante de la ville.
Mahmoud Illean/AP/SIPA.
