« No Genocide Pavilion at the Venice Biennale » : lancée le 26 février, la lettre ouverte du collectif « Art Not Genocide Alliance » (ANGA), appelant à « l'exclusion d'Israël de la biennale de Venise », a rassemblé en quatre jours 20 000 signataires du milieu de l'art, parmi lesquels Nan Goldin, Michael Rakowitz, Yto Barrada, David Hominal, Dora Garcia, Paul Maheke, Charles Esche (directeur du Van Abbemuseum à Eindhoven), Fanny Gonella (directrice du Frac Lorraine), Ilaria Bonacossa (directrice du Palazzo Ducale de Gênes), Claire Fontaine (dont une œuvre donne son titre à la biennale), Sara Sadik, David Velasco ou Tania Bruguera. « Donner une plateforme à un art représentant un État engagé dans des atrocités continues contre les Palestiniens à Gaza est inacceptable », dit le texte, qui fait valoir les conclusions de la Cour internationale de justice, demandant à Israël de cesser tout acte de génocide dans l'enclave où, depuis octobre 2023, ont été tuées au moins 30 000 personnes. Il rappelle qu'en 1968, la biennale avait pris la décision, sur la base d'une résolution de l’ONU, d'interdire la présence de l'Afrique du Sud, pour suspendre « les échanges avec le régime raciste ». Le pays n'a été admis de nouveau qu'après l’abolition de l’apartheid en 1993. Par ailleurs, en 2022, l'organisation vénitienne avait condamné publiquement « l'inacceptable agression militaire de la Russie » en Ukraine, et refusé « la présence de délégations officielles, d'institutions ou de personnes liées à quelque titre que ce soit au gouvernement russe ». Cette année encore, il n'y a pas de pavillon russe à la biennale de Venise. Selon ANGA, « la décision de fermer le pavillon de la Russie en 2022 a été prise par les équipes d’artistes et curateurs russes en signe de protestation contre l’agression militaire de leur pays en Ukraine. Nous notons que les participants israéliens pourraient faire de même ». De son côté, le ministre italien de la Culture Gennaro Sangiuliano exclut toute interdiction du pavillon israélien, qui doit accueillir le projet « Fertility Pavilion » de Ruth Patir, avec pour curatrices Mira Lapidot et Tamar Margalit. Proche du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia, il affirme : « Le diktat de ceux qui pensent détenir la vérité et qui, avec arrogance et haine, pensent pouvoir menacer la liberté de pensée et d'expression créative dans une nation démocratique et libre comme l'Italie est inacceptable et honteux ». Ce à quoi ANGA a répondu ce 27 février : « La biennale ne peut être un ''espace de liberté, de rencontre et de dialogue'' lorsqu'elle offre une tribune à Israël, dont l'État d'apartheid commet un génocide contre les Palestiniens de Gaza. La culture n'est pas un ''pont entre les peuples et les nations'' lorsqu'une nation est impliquée dans l'élimination d'une autre, dont les citoyens sont maintenus derrière un mur de séparation. Nous insistons sur la dignité, l'humanité et la responsabilité des scènes de la culture. »