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Chu Teh-Chun, bain cosmique

Chu Teh-Chun, bain cosmique

C'est l'exact contemporain et ami de Zao Wou-Ki. Tous deux sont nés en 1920, sont passés par la même école des beaux-arts de Hangzhou, sont venus de Chine pour devenir peintres français à Paris. S'il est moins connu, Chu Teh-Chun bénéficie aujourd'hui quasiment de la même cote – avec une transaction à plus de 20 millions d'euros à Hong Kong en 2021. Son obsession de l'abstraction est célébrée dans une des expositions « collatérales » de la Biennale de Venise : une abstraction qui se nourrit des avant-gardes occidentales – l'exposition Cézanne au Jeu de Paume en 1955, année de son arrivée en France, est pour lui un jalon essentiel – mais qui se garde bien de plonger dans l'idéogramme, tentation évidente pour un artiste d'Extrême-Orient. « Ses tableaux sont comme une soupe céleste, explique le commissaire Matthieu Poirier. Ils ressemblent de façon saisissante aux images du télescope Hubble ! » Une peinture qui fuit la géométrie et se comprend plutôt comme souffle atmosphérique, nébuleuse, tourbillons de neige. L'exposition vaut aussi pour sa scénographie puisqu'elle est installée dans un lieu atypique, l'ancienne piscine de la fondation Giorgio Cini. Tous deux architectes, son fils Yvon Chu et son épouse Anne-Valérie Sceau, qui dirigent la fondation Chu Teh-Chun, ont conçu un spectaculaire accrochage en profondeur. Les œuvres – aussi bien petits formats anciens (postérieurs à 1955, sa production de jeunesse ayant disparu dans les incendies et les voyages), que compositions monumentales de plus de 3 mètres – semblent flotter à différents niveaux, offrant une étonnante sensation de lévitation.

Article issu de l'édition N°2846