Depuis plusieurs mois, la Lune est le réceptacle d’une conquête artistico-spatiale. Le 22 février, après un périple de sept jours, la sonde Odysseus de la société américaine Intuitive Machine a aluni avec à son bord d’inhabituels passagers : 125 sculptures de Jeff Koons. Chacune représente une sphère argentée à laquelle est attribué un grand nom de l’histoire, de Newton à Galilée en passant par Cléopâtre ou Confucius. Cocteau avait-il raison lorsqu’il affirmait que « la Lune est le soleil des statues » ? Dans le même temps, une entreprise similaire mais d’une tout autre envergure se déploie : Allô la Lune ? Ici 40 000 artistes de 247 pays, territoires et nations autochtones, qui verront une de leurs œuvres envoyée sur le satellite. Du côté de la France, ce sont notamment les créations de Yoann Lossel, Pauline Aubey ou Miss Van qui ont été sélectionnées, stockées numériquement dans quatre capsules et essaimées lors de différents voyages. Les deux premières ont été acheminées fin 2022 et fin 2023, les dernières étant prévues en août et à l'automne. L’astre noctambule deviendra un centre d’archives géant : extraterrestres, tenez-vous bien ! Films, musiques, livres, artefacts, peintures ou sculptures : l’art sous toutes ses formes quitte la pesanteur terrestre. Cette entreprise, réalisée par le physicien Samuel Peralta en collaboration avec la NASA, répond au nom intriguant de « Lunar Codex ». Il précise : « La véritable mesure du projet n’est pas uniquement d’archiver notre art pour les générations futures mais aussi d’être une source d’inspiration pour la génération d’artistes d’aujourd’hui et la poursuite de leur art. » Cette conquête n’est pas nouvelle : en 1969, le projet « Moon Museum » avait permis à six artistes, dont Chamberlain, Rauschenberg ou Warhol, d’y envoyer leurs dessins. Deux ans plus tard, l’artiste belge Paul van Hoeydonck avait vu une de ses statuettes épouser le creux d’un cratère. En 2003, une œuvre de Damien Hirst foulait le sol de Mars ; en 2015, Thomas Pesquet emportait à bord de la station spatiale internationale une mosaïque de Space Invader ; en 2020, KAWS avait, dans une forme de performance artistique, envoyé sa célèbre figurine Companion dans la stratosphère… Ils sont fous ces humains !
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