8 décembre 2023, Istres. Une écoute attentive règne dans la petite salle du centre d’art Polaris où étudiants et plasticiens de la région Rhône-Alpes sont venus assister aux journées professionnelles « L’intervention dans l’espace social, un enjeu artistique », coorganisées avec le centre d'arts plastiques Fernand Léger. La thématique suscite de nombreuses attentes et promet des débats : comment réussir à initier, concevoir et adapter une expérience de création impliquant des personnes dont la situation est complexe et précaire, et qui ne sont ni initiées ni particulièrement intéressées par l'art contemporain, souvent perçu comme élitiste et clivant ?
Loin d’être nouvelles, ces interrogations trouvent racine dans les politiques d’action culturelle instaurées depuis une quarantaine d'années, lorsque le terrain social – entreprises et monde du travail, hôpitaux, prisons et lieux d’enfermement, périphéries, monde rural – s’est affirmé comme un « lieu où pourraient être initiées de nouvelles formes de pratiques culturelles », selon une circulaire envoyée aux DRAC en 1982. Le ministère de la Culture signa alors une série de conventions avec d’autres ministères, notamment ceux de la Santé et de l’Agriculture, afin d’initier des collaborations interdisciplinaires. Mais c’est dans le milieu de l'éducation, avec le plan pour les arts et la culture à l’école (plan Tasca/Lang), que seront menées à plus grande échelle les premières expérimentations d’accueil d’artistes. À partir des années 2000, l’éducation artistique et culturelle (EAC) s’est massivement généralisée sur l’ensemble du territoire, multipliant ses dispositifs et ses formats (résidences-missions, classes à PAC, CLEA, etc). En nombre, les ateliers artistiques dans les établissements figurent en deuxième position après les sorties culturelles, tandis que 89 % des collèges sont impliqués dans un partenariat avec un acteur culturel, selon le dernier rapport du ministère de la Culture, daté de 2019. Aujourd’hui, l’objectif quantitatif du gouvernement est d’atteindre 100 % des collèges au moyen d’une normalisation des projets artistiques, désormais recensés et demandés en ligne par les établissements sur l’application Adage. Dotée par ailleurs d’un label « 100 % EAC » et d’un institut national (INSEAC) lancés en 2021, l’EAC est vouée à connaître une progression inédite dans les années à venir.
L’art socialement engagé
Résultat : les artistes sont attirés hors des galeries et des musées grâce à une nouvelle possibilité…