724 414 visiteurs en 107 jours : quelques mois à peine après la réouverture des établissements culturels, le musée d'Orsay annonçait en janvier 2023 la meilleure fréquentation de son histoire avec l’exposition Munch. La moyenne de 6 709 visiteurs par jour cache des pics notables les week-ends, mais aussi les jeudis soir, qui depuis mars 2022 offrent une entrée au tarif réduit de 12 euros et ont attiré chacun 3 000 personnes, dont un grand nombre de jeunes actifs. « On cible un autre public, indiquait Christophe Leribault, alors à la tête du musée. C’est une façon de mieux répartir la fréquentation, d’habituer les Franciliens à ne pas venir que le dimanche à 15h, et donc d’offrir un meilleur accueil, tout en répondant aux attentes du public post-Covid qui souhaite être moins serré. »
Aujourd’hui presque oubliés, les gestes barrières et la longue période de fermeture ont eu le mérite de faire tomber d’autres obstacles. Au Centre Pompidou, oiseau de nuit qui ferme quotidiennement à 21h, et le jeudi à 23h, les billets vendus après 18h représentent désormais 13 % des entrées. Un record pour l’institution, qui offre « le confort d’un musée à moyenne fréquentation et l’envergure d’expositions à grande fréquentation. C’est très précieux, note David Cascaro, directeur des publics. Cela permet aussi aux travailleurs d’accéder à la culture, un service public essentiel ». La nocturne du jeudi dédiée aux expositions temporaires est particulièrement prisée des Franciliens, qui viennent à Beaubourg avant tout pour celles-ci et savent qu’à ce créneau, « la qualité de visite est incomparable. Plus l’exposition est importante, plus elle attire les gens en soirée ».
Au point d’inciter les institutions à s’adapter à la demande et au goût du jour. Depuis quelques mois, le Petit Palais propose pour les expositions à succès un marathon de quatre nocturnes par semaine dans les 15 derniers jours. Contrairement aux créneaux en journée, pour la plupart complets pendant les dernières semaines, ces nocturnes de la dernière chance requièrent un délai de prévoyance bien plus aménageable pour les actifs aux calendriers moins prévisibles et moins souples que ceux des touristes. « Il reste toujours des places deux ou trois jours avant la soirée, et 20 % des billets sont réservés à l’achat en caisse. On cherche à laisser la place à la spontanéité », précise Delphine Capdepuy, secrétaire générale du Petit Palais.
Un public acteur et spectateur
Le Louvre, qui observe depuis janvier 2023 une jauge de 30 000 visiteurs par jour pour éviter les files interminables et les salles bondées fuies par les…