Longtemps vu comme le privilège exclusif des artistes des Beaux-Arts, la Villa Médicis - Académie de France à Rome a lancé en 2022 un programme pédagogique à l'intention des lycées professionnels et agricoles. Après les régions Nouvelle-Aquitaine, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Grand Est en 2022-2023, ce sont de nouveau 250 lycéens de 12 établissements du Grand Est, de Bischwiller à Sarreguemines, qui ont été accueillis pendant une petite semaine à Rome, du 13 au 16 mai. Il ne s'agit pas de tourisme, mais de plancher toute l'année scolaire sur une thématique concrète, en l'occurrence « L'habitat de demain : bien vivre ensemble et durablement », qui a donné lieu à la création d'un « chef-d'œuvre » en lien avec l'enseignement et inspiré du patrimoine culturel romain. La restitution s'est faite sous les pins de la Villa, avec exposition des maquettes dans le Grand Salon. « Beaucoup de ces jeunes, provenant des filières des métiers du bâtiment, du génie électrique, du génie thermique ou de l'aide à domicile, n'avaient jamais passé la frontière ni vu la mer », a souligné le directeur de la Villa Médicis, Sam Stourdzé, parlant d'un « projet fou », mais qui devrait monter à 900 bénéficiaires pour la seule année 2025. Le programme, qui comprend aussi des conférences, visites et rencontres sur place avec les pensionnaires de la Villa, bénéficie du soutien des fondations BNP Paribas et Bettencourt Schueller, d'Amundi et Groupama. « Nous accompagnons ce projet depuis le début et nous sommes engagés sur 5 ans, explique Olivier Brault, directeur général de la Fondation Bettencourt Schueller. Nous sommes touchés par cette façon de casser les codes d'une académie, pour une ouverture assumée éducative et sociale. Chacun sort de son sillon et c'est aussi une façon de réinventer le voyage à Rome, pas seulement réservé aux aristocrates anglais avec leur guide Baedeker. » Engagée depuis un quart de siècle dans la reconnaissance des métiers d'art, la Fondation y voit une bonne opportunité : « Les métiers d'art pâtissent de la hiérarchisation très française entre les disciplines nobles (peinture, sculpture, musique) et les autres. Cette initiative de la Villa Médicis est une véritable ouverture, qui lui donne un nouveau public et qui bat en brèche l'idée que l'intelligence doit être avant tout abstraite. »
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